City of light, chronique de Jacques Bonnaure

CITY OF LIGHT/ NEW DISCOVERIES

Le programme est varié et nous propose de « nouvelles découvertes » en musique française. Certes Ukuhamba kukufunda de Robert Fokkens (né en 1975) bien construite et inspirée par le minimalisme répétitif américain n’a curieusement rien à voir avec notre « City of light ». Pour le reste, nous ne sommes pas déçus puisque nous découvrons deux œuvres de Debussy que l’on ne connaissait que par les livres: le Prélude de l’Histoire de Tristan (1907) qui aurait dû précéder un drame lyrique jamais composé, et le ballet No-ja-li ou le Palais du silence (1914), également resté plus qu’inachevé. Dans les deux cas, le musicologue Robert Orledge a procuré une édition jouable de deux œuvres pas inintéressantes.

Les Poèmes intimes d’André Jolivet, eux, sont bien achevés et même doublement puisqu’en existent deux versions, avec piano ou orchestre, mais on ne saurait parler à leur propos de « new discovery ». La version pour piano a été enregistrée deux fois récemment par René Perler et Filippo Farinelli (Brilliant), et par François Le Roux et Olivier Godin (Passavant). De la version avec orchestre nous restent deux enregistrements, l’un par Gérard Souzay et André Girard, dès 1947 (Ina -mémoire Vive), l’autre, réalisé trente ans plus tard par Colette Herzog, dirigée par Alain Lombard (Erato).

Dans les Poèmes intimes, dédiés à son épouse Hilda pour le dixième anniversaire de leur mariage, Jolivet a mis en musique cinq textes lyriques et fervents de Louis Emié, un poète aujourd’hui assez oublié mais en rien négligeable. Composés pendant la Guerre, ils appartiennent à la même veine que les Trois Complaintes du soldat, de peu antérieures, ou la Suite liturgique. Jolivet y renonce provisoirement à la complexité des années d’avant-guerre pour laisser parler une sensibilité pudique dans un langage très accessible, avec un merveilleux sens prosodique et mélodique, qui inscrit ce recueil dans la lignée des Nuits d’été de Berlioz ou de Shéhérazade de Ravel.Cardiff University Symphony Orchestra and Chorus, dir. Mark Eager. Jeremy Huw Williams, baryton.

Jacques Bonnaure

(Prima Facie New Series PFNS005)

CD Cardiff U

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