Poèmes intimes de Louis Émié

I – Amour
Ici et là, partout et même
Où n’étant plus tu es encor,
Je te découvre et te ramène
Dans l’ombre étroite de ton corps

Tu peux perdre ici ta présence
Et disperser ton mouvement,
Dans ta forme qui recommence
J’immobilise mon tourment.

Tu n’es plus ce nom, ce visage,
Cette colère, cette loi :
Tu conduis dans mon paysage
La saison qui n’aime que toi.

Je n’existe plus si je doute,
Ombre vive aux bras transparents,
Et si tu parles je n’écoute
Que le silence où je m’entends.

II – Je veux te voir
Je veux te voir partout, toujours,
Te sentir en moi et me faire
Pareil à toi qui est pareille
à ce que je crois que tu es.

Il me faut ta chaleur,
ta preuve exacte et secrète et profonde.
Tu es le ciel dont je suis sûr,
La nuit qui n’est plus redoutable.

Vigilance de ton amour,
Bonheur, île de ta présence :
Il me faut ce lien limité,
Cette sévère et forte chance.

Tu es tout ce que je désire
dans l’espace qui nous entend ;
Et lorsque c’est toi qui me cherches
C’est moi qui te trouve aussitôt.

III – Nous baignons dans une eau tranquille…
Nous baignons dans une eau tranquille
qui aide tous nos mouvements ;
Et nous avons fait choix d’un ciel
qui n’est qu’une autre transparence.

Lumière égale sur nos fronts,
clarté pareille sur nos mains
et, dans le fond de nos poitrines,
lumière et clarté confondues !

IV – Tu dors…
Tu dors et je te regarde …
Ton visage a disparu
et n’est plus qu’un souffle égal,
Un murmure de sommeil.

Ton corps devient une ligne
qui s’allonge sans effort.
C’est un bel arbre couché,
endormi dans tout lui-même.

Tu dors et je te regarde …
Les songes que tu connais
t’éloignent encor de moi,
et c’est une autre misère.

Je voudrais dormir en toi
pour être plus près encore
de tout ce que tu me caches
quand tu ne me caches rien.
Tu dors et je te regarde …

V – Pour te parler …
Pour te parler et pour te dire
Les mots que je voudrais te dire,
Je ne trouve que le silence
Ou des gestes inachevés.

Je ne trouve que des paroles
si éloignées de mon amour
que je ne les prononce pas
de peur de pouvoir te tromper.

Pour te parler et pour te dire,
les mots que je voudrais te dire,
Je ne trouve que le silence
Ou des gestes inachevés.

A …………………….

Je t’aime et je sais bien
qu’il n’est plus de secret dans ce cœur,
qui n’a plus et ne peut plus avoir
que la forme du tien.