Musiques pour flûte par Claude Régimbald, chronique de Jacques Bonnaure

Jacques BONNAURE nous offre cette nouvelle chronique qu’il consacre aux enregistrements par Claude REGIMBALD d’œuvres pour flûte (présentés sur ce site) :

« Il est utile de mettre les œuvres pour flûte de Jolivet en perspective à l’intérieur du riche panorama de la flûte moderne française. C’est ce qu’a fait très intelligemment le flûtiste québécois Claude Régimbald en deux CD.

Le programme du plus ancien, (enregistré en 1998) mêle de grands classiques de l’instrument – Syrinx et la Sonate pour flûte, alto et harpe de Debussy, les Joueurs de flûte de Roussel, la Sonate pour flûte et piano de Poulenc, et des pages plus rares comme les Trois pièces de Ferroud, le Prélude pour la flûte de jade de Chaynes et la Sonate pour flûte et piano de Jolivet. Dans cette œuvre de 1959, Jolivet opère une extraordinaire synthèse entre une tradition de classicisme et de clarté, et une écriture sérielle tempérée, comme toujours chez lui, par le sens des polarités sonores qui structurent l’audition.

Le second CD (enregistré en 2013) explore quelques aspects de la musique pour flûte telle qu’on la pratiquait au Conservatoire de Paris à travers plusieurs morceaux de concours commandés à des compositeurs en vue : Agrestide (1942) de Bozza, Sonatines de Dutilleux (1943) et Sancan (1946), Divertissement de Gallois-Montbrun (1956), toutes marquées par un certain académisme « maison ». Les Variations sur un Tanka de Chaynes (1962), Le Merle noir (1952) de Messiaen et Le Chant de Linos de Jolivet (1944), donné ici dans sa version pour flûte et piano, sont plus audacieux. On remarquera d’ailleurs que Messiaen, apparemment peu coutumier de l’écriture pour flûte, s’est manifestement souvenu des Incantations composées par Jolivet en 1936. Dans Le Chant de Linos, Jolivet poursuit les préoccupations spirituelles des Incantations, mais en se confrontant à la grande forme. Il en résulte une œuvre variée, finement construite et d’une grande puissance expressive.

Ces deux programmes passionnants sont interprétés avec une grande précision technique, une belle sonorité et une intelligente sensibilité. »

Syrinx. Claude Régimbald, flûte, Olga Kerevel, piano, Nathalie Chatelain, harpe, Gwendoline Quartenaud, alto (Gallo CD-1428)

La Flûte au Conservatoire de Paris. Claude Régimbald, flûte, Claude Webster, piano (Atma Classique ACD 2 2164)

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *